Vision mondiale pour la communauté locale
Parfois, on a le sentiment que les Églises locales et les œuvres de la mission représentent deux mondes qui se perdent de vue réciproquement.
Quand les chrétiens (pratiquants) constituent une petite sont minorité dans leur pays, ils peuvent facilement développer une « myopie missionnaire ». Par conséquent, ils « voient » très clairement le champ missionnaire de près, tandis que les champs de loin restent voilés dans un flou. Ayant la vue courte, ils agrandissent à la démesure les besoins ici, mais comme ils ne voient pas bien ce qui se passe là-bas, ils n'y prêtent pas beaucoup d'attention non plus.
Si on utilise pour l'assemblée locale l'image d'un champ de vision rétréci, on pourrait très bien dire que celles et ceux qui sont impliqués dans une œuvre missionnaire, souffrent souvent de presbytie. Fiers d'avoir une bonne vision de loin, ils pensent que le plus important est de fixer son regard sur le grand projet de Dieu. Ils font une projection de leur propre vision sur d'autres chrétiens. C'est d'ailleurs une tendance de tous les ministères : les pasteurs pensent que l'accompagnement pastoral est le plus important, les prophètes mettent la prophétie au premier rang, les enseignants font en sorte que chacun ait une bonne doctrine, le diacre veut que chacun participe à une œuvre sociale, et ainsi de suite.
Il y a là une différence d'orientation qui est souvent source de tension, tant on est incliné à se concentrer sur son propre contexte, celui de la mission pour les uns, celui de la communauté locale pour les autres.
Pour résister à cette tendance ô combien compréhensible, nous avons besoin d'une vision qui englobe toute l'œuvre du Seigneur, une vision globale si vous voulez. Elle va corriger la vue et des myopes et des presbytes. Elle permet de voir que les œuvres font partie de l'Église universelle, au même titre que l'Église locale. Ainsi, une vraie rencontre devient possible, dans laquelle nous allons nous réjouir de ce que le Seigneur permet à l'autre de faire pour Lui. De la concurrence à la complémentarité. De la séparation à la collaboration.
Nous avons vocation de nous accueillir, les uns les autres, dans l'œuvre du Seigneur qui englobe tous les ministères : pastoral, apostolique ou autre. Nous avons besoin les uns des autres. Je vois déjà ce qui va se passer : les pasteurs invitent les gens de la mission, les responsables missionnaires écoutent les pasteurs. Les chrétiens travaillant dans le monde sont mis en valeur, pas moins que ceux qui travaillent « à plein temps » dans une œuvre chrétienne, missionnaire.
Extrait du chapitre « Vision mondiale pour la communauté locale » (auteur : Evert Van de Poll)
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Le livre « L'Église locale en mission interculturelle : Communiquer l'Évangile au près et au loin », sous la direction de Evert Van de Poll, Excelsis, 2014
Cet ouvrage est publié avec le concours de la Fédération de Missions Évangéliques Francophones (FMEF) et du Réseau de Missiologie Évangélique pour l'Europe Francophone (REMEEF).
Dans cet ouvrage, théologiens, pasteurs, responsables d'organismes spécialisés, implanteurs des Églises, un animateur de missions à court terme, et un sociologue offrent leurs réflexions. Ainsi, différents regards sur le rôle de l'Église locale dans la mission se croisent.
Ce livre est destiné aux responsables des Églises comme aux « praticiens » qui se sont engagés dans une œuvre missionnaire, et à tous ceux qui sont intéressés par la mission.
Vous pouvez trouver cette ressource chez son éditeur ou un libraire